Février . Le froid s’intensifie. Les branches dénudées laissent filtrer les rayons du soleil qui nous enveloppent de sa lumière sans nous réchauffer. Au coeur de cette rigueur, un petit nombre d’hommes se destine à devenir prêtres de la secte de Nichiren-shû. Une retraite de cent jours leur est imposée. Sous l’effet des mantras psalmodiés du Sûtra du Lotus, leurs corps amincis, car peu nourris, leurs visages émaciés deviendront l’instrument de ces formules sonores et rythmées, réputées bénéfiques pour le corps et l’esprit.
A Kamakura, vivait un moine au XIII siècle, « Soleil-Lotus ».C’était un personnage controversé qui prédit de nombreux désastres naturels, ou plutôt la persistance de ceux-ci, si les écoles bouddhiques, soutenues financièrement par le gouvernement de l’époque, n’adoptaient pas le Daimoku du Sûtra du Lotus, un joyau de sagesse, enseigné par le Bouddha Shâkyamuni.
Le 10 février, dans le temple Chosho-ji de Kamakura, sous le regard attentif de la statue du moine Nichiren, apparaissent enfin les moines, sortis de leur retraite. Ils portent une tunique blanche en coton, ils sont barbus et amaigris. Tous à la même cadence, récitent une prière des mantras. A défaut de pouvoir déserrer les lèvres, la statue de Nichiren révèle ses pensées, à travers le cheminement courageux de ses disciples. Les conditions de vie d’une personne sont le reflet de sa vie intérieure et il en est de même pour une nation, disait le fondateur de la secte.
La démarche assurée, tels de grands sportifs performants, allure de grands combattants prêts à monter sur le ring, le même geste pour retirer leur tenue légère, à demis-nus, entourés d’une foule empressés de les photographier, leurs voix deviennent plus graves : ils se placent devant un grand bassin rempli d’eau froide. Leur adversaire, serait-ce le froid hivernal, leur semi-nudité ou le manque de nourriture pendant leurs cent jours de retraite ? Non ! En s’aspergeant d’eau froide à plusieurs reprises, au milieu des éclaboussures d’eau, le monde d’aujourd’hui et ses cités merveilleuses, clignotantes, ses spots publicitaires enchanteurs sur grand écran, le troc impitoyable de l’aventure avec le confort ne se reflètent plus dans leurs gestes. Ils sont conquis. Ils savent que leur conquête est glorieuse, que ce Soi, ce soleil qui illumine, l’état bouddhique qu’enseignait Nichiren au peuple paysans, commerçants et samourais de rang moyen. C’est dans cette vie qu’ils peuvent l’atteindre tous sans exception, enseignement qui a soulevé la colère des autres écoles bouddhiques et bien entendu, celle du gouvernement.
En hiver, les bassins d’eau froide ne sont pas destinés à tout le monde. A ne pas abuser ! En revanche, les douceurs odoriférantes et les branches colorées rouges, blanches, et roses en forme de saule pleureur, et couvertes de fleurs, les fameux pruniers vont commencer à ouvrir le bal des guinguettes. Ambiance assurée à Odawara et Yugawara. L’hiver partira sur la pointe des pieds…
Par Pascale Batori
2月。寒さが厳しくなります。葉のすっかり落ちた枝の間から明るく差し込む日の光もまだ冷たいままです。こうした厳しい季節のなか、日蓮宗の修法師 になることを目指す男たちがいます。僧侶の中でも特別な資格である修法師になるためには、100日間の大荒行を満了しなければなりません。単調に法華経を 唱える僧たちの、質素な食事でやせ細った体と、やつれた顔は、心身に良い影響をもたらすとされる、規則的に繰り返されるお経を奏でる楽器と化してゆきま す。
鎌倉では、13世紀に“日蓮”という僧が暮らしていました。日蓮は、「釈迦牟尼(仏陀)の教えである知の至宝、法華経を、政府(鎌倉幕府)から財政的支援を受ける仏教諸派が取り入れなければあまたの自然災害が今後も続く」と予言して物議を醸した人物です。
2月10日、鎌倉の長勝寺では、日蓮上人の銅像が注意深く見守るなか、大荒行を終えた僧たちが遂に姿を現します。伸び放題の髭、やせ細った身体に白い木綿 の衣を纏い、全員が調子を合わせてお経を唱えます。こうした門人たちの勤勉な歩みは、口を開くことができない日蓮上人の銅像の思想を物語っています。人の 境遇はその人の精神を反映しており、国家についてもそれは同じことだ、と日蓮宗の開祖は説いています。
写真を撮ろうとする人びとが水行場を取り囲む中、強いスポーツ選手のように自信に満ち、リングに上がる前の偉大なボクサーのように薄い衣を脱ぎ半裸になっ た彼らの声は、より重々しさを増します。その目の前には冷たい水が満たされた水槽。彼らが戦うのは、この厳しい寒さでも、半裸という状態でも、100日間 の大荒行の間の貧しい食事でもありません。水しぶきをあたりに撥ね飛ばして冷たい水を何度もかぶるうち、彼らの姿は、街頭の大スクリーンに魅惑の広告が流 れる、快適でありながらも刺激に満ちたまばゆい大都会からも、俗世間からも切り離されてゆきます。彼らは「さとり」を開いたのです。そのさとりは輝かしい ものであり、この輝く太陽たる「自分」が、日蓮が農民、商人、下級武士に説いたブッダ(さとりを開いた人の意)の姿であることを皆自覚しています。この修 行を経て、誰もがその状態に到達することができるのです。こうした教えは、他の仏教宗派から、そしてもちろん当時の政府からの怒りをかいました。
真冬の2月、冷水を浴びることを喜ぶ人ばかりではないでしょう!同じ時期に、小田原や湯河原では、しだれ梅が紅、白、薄紅色に色づいて穏やかな香りを漂わせ始め、花見客で賑やかとなります。いよいよ春の訪れです…..
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