Même si les giboulées de mars sont contrariantes, un jour ou l’autre en ouvrant la fenêtre de sa maison, une lumière subtile, un vent doux et un ciel d’un bleu pur nous ferons pressentir que le printemps est arrivé. A chacun sa manière de l’accueillir avec joie ou appréhension. Printemps en effet rime avec pollen, bourgeons et reproduction.
La personne la plus familière de son entourage proche va se métamorphoser en un inconnu arborant le fidèle masque blanc, les lunettes noires et le chapeau, la panoplie complète pour lutter contre le pollen : allergique à mère nature mais pas à nous, êtres humains ! L’éternel quizz commence : ” Mais qui est donc cette personne ? ” Ne vous faites pas d’amis à cette période, vous risquiez de ne pas les retrouver par la suite. Néanmoins les couleurs sobres des tenues vestimentaires, rehaussées par le port du masque vont disparaître devant le spectacle le plus connu du monde, la floraison des “sakura”. Progressivement leurs fleurs s’ouvrent, allant du rose frais au blanc épanoui, reflétant la lumière du jour, et pénétrent les sens des spectateurs s’abandonnant à une joie si grande qu’elle devient douleur.
Les parcs des châteaux regorgent de ” sakura ” mais les précieux ” shinadare-sakura “, identifiés et répertoriés dans des livres, souvent millénaires provoquent de grands pélerinages. Ces arbres en forme de saule pleureur, avec un tronc de plusieurs mètres de haut, étendant leurs branches sur plusieurs mètres de large, ne peuvent se laisser enfermer dans la boîte d’un simple appareil photo.
Pollen, bourgeons et reproductions !! En dehors des rangées de cerisiers en fleurs, que vois-je se profiler à l’horizon ? Le premier dimanche du mois d’avril, est célébré le ” matsuri ” shintoïste ” Kanamura ” au temple Kanayama à Kawasaki. Dès l’entrée du temple, trois chars, les fameux ” mikoshis “, attendent. Ce qui reste caché pendant tout le reste de l’année est dévoilé en ce jour unique : portés par les chars, trois grands phallus se dressent l’un de couleur rose, un autre en fer de couleur noire et un troisième plus archaïque, en bois, soulignant l’ancienneté de la cérémonie ou le mystère du sexe qui ne cesse de fasciner. Sous l’oeil attentif des photographes professionnels et des touristes étrangers affairés autour des ” mikoshis “, la procession est prévue vers midi. Malgré l’agitation des touristes autour des chars, la cérémonie n’en est pas moins solennelle.
A dix heures, le prêtre shintoïste allume le feu sacré avant de procéder à la consécration de l’autel. Le public se recueille, priant la protection des dieux pour les naissances à venir, leurs affaires, l’harmonie du couple et contre la transmission des maladies sexuelles. Devant un autre autel, de jeunes enfants en kimono dansent. Leurs pas sont lents et leurs gestes sont grâcieux. Autour des temples sont installés de petits stands remplis de souvenirs, porte-clé ou porte-bonheur sous la forme de petits ou grands pénis, sculptés dans toutes les matières et comble de joie pour les dames, des sucreries, sucettes aux formes très réaliste, de toutes les couleurs, pour soi-disant favoriser les naissances d’après les kanjis sur les emballages. Lorsque ces sucettes sont portés à la bouche, cette scène provoque beaucoup d’amusement auprès du public japonais contrastant avec l’attitude des étrangers sceptiques quant au bon goût de la farce et chacun se prête au jeu de la photo.
Au fil des heures, il n’est pas surprenant d’entendre s’exclamer : ” Oh ! Celui-là comme il est beau et bien fait. Je le veux. ” Le ton est si naturel que des rires éclatent. Au gré des découvertes la bonne humeur, des rires complices, un esprit bon enfant que ni les contraintes religieuses ou leur influence plus ou moins directe, ni l’éducation ne retiennent plus prisonniers, font surface.
Ne serait-ce pas ce rire que certaines histoires faisant allusion à la sexualité et à la sensualité déchainent afin d’alléger notre tristesse et en quelque sorte rétablir ce qui allait de travers dans la psyché, une sorte de déblocage d’une plus grande vitalité révélée.
Surprenante scène de voir parader dans la ville les trois grands phallus, le rose porté par des hommes vêtus de rose et travestis en femme, le plus grand en fer, porté par des hommes virils, et celui en bois porté par les plus anciens. L’harmonie est maîtresse. La sexualité est sacrée au Japon mais…si les ” mikoshis ” s’envolaient, ils frôleraient sur leur passage les grands bouddhas de l’Inde, se reposeraient sur le sol du Soudan, à Kartoum, devant la mosquée Al-Kabir et reprendrait leur envol pour atterir à Paris sur les Champs-Elysées. Toutes les grandes dames de ces trois religions de ces pays n’accueilleraient pas ce rite shintoïste. Est-ce que tous ces touristes étrangers et ces photographes professionnels présents en grand nombre à Kawasaki, poursuivraient-ils ces trois objets phalliques célébrés par exemple à Paris ? Parler de la sexualité, oui ! Mais d’une manière aussi réaliste, non !
L’universalité de la fertilité ou de la virilité est réduit à son état primaire, pas assez sophistiqué et qui ne peut contribuer à la grande éducation influencée par les grandes religions dont l’homme occidental se charge d’être le promoteur dans le monde entier. Sans quitter le Japon, nous avons beaucoup voyagé grâce aux ” mikoshis “, et nous repartons revitalisés et légers après une telle découverte. O Japon merci pour cette si belle simplicité.
Par Pascale Batori
かなまら祭り: 日本の聖なる性
3月に降るにわか雨は不愉快なものですが、ある日ふと家の窓を開けると、淡い日の光と穏やかな風、澄んだ青空に春の到来を感じることができます。春を迎えることを喜ぶ人もいれば、不安な気持ちになる人も。というのも、春は花粉や植物の新芽、そして繁殖の季節ですから。最も親しい友人でさえ、白マスク、サングラス、帽子という花粉対策の完全防備で誰だかわからなくなってしまいます。母なる自然に対するアレルギーであって、人間アレルギーではないのですが!「あれは一体誰?」とお決まりのクイズが始まります。この季節には新しい友人を作らないことです。後になってからその人を見つけることが難しくなるでしょうから。ともあれ、地味な色の服装にマスクという姿は、世界一有名な“桜の開花”の頃には見られなくなります。徐々に蕾が開き、生き生きとしたバラ色から晴れやかな白へ、日の光を反射させながら桜は満開となり、花見客の心を満たします。人々の喜びはあまりに大きく、後に苦痛に変わるほどです。
各地の城址公園には桜の木がたくさんありますが、中でも樹齢千年を超えるものも多い貴重なしだれ桜は、数々の本に全国の一覧表が掲載されており、そのすべてを見て回ろうとする人も大勢います。しだれ桜は高さ数メートル、しだれ柳のように垂れ下がる枝が数メートルにわたって広がり、カメラのフレームに納まりきらないほどです。
花粉、新芽、そして繁殖!!! 満開の桜並木の後には、何が見えてくるでしょうか?4月1日、川崎の金山神社では神道に則った祭りである「かなまら祭」が催されます。神社の入り口に、有名な三基の「神輿」が並んでいます。普段は非公開ですが、この特別な日にだけ登場するのです。台部の上にはそれぞれ巨大な男根が屹立しており、一基はピンク色、一基は黒光りする鉄製です。残る一基はより古めかしく木製で、この祭りが古くから催されてきたことと、性の神秘がいかに人々を魅了しつづけているかを印象づけています。プロのカメラマンが熱心に撮影し、外国人観光客たちが熱い視線を送る中、お練りは正午に始まる予定です。神輿を取り巻く観光客の興奮をよそに、儀式はこの上なく厳粛に執り行われます。
10時、神官が聖なる火を灯し、祭壇に捧げます。観客は黙とうし、安産、商売繁盛、夫婦円満、性病の予防に神のご加護を祈ります。別の祭壇の前では、着物姿の子どもたちが舞います。ゆっくりとした足取り、優雅な身振りで。神社の周りには、お土産やキーホルダー、お守りなどの露店が立ち並んでいますが、それらはすべてさまざまな素材で大小のペニスの形をしており、とてもリアルな色とりどりのキャンデーなどもあって女性たちが大喜びです。袋に書かれた漢字によれば、子宝飴ということのようですが。こうしたキャンデーを舐める場面を、日本人はたいそう面白がります。一方外国人観光客は、悪ノリして写真を撮りまくっています。
時間が経つにつれ、「あら!これは素晴らしくうまくできているわ。これが欲しいな」などという叫び声を聞いても驚かなくなります。あまりに普通の調子でこうした発言が出るので、笑い声が起こります。発見が進むほどに、人々は上機嫌になり、秘密を共有しているような微笑みを交わし合い、宗教的な拘束やその直接・間接的な影響でも、どんな“しつけ”でも押さえつけることができない無邪気な心が表に浮かび上がってくるのです。
性や官能について触れた物語を読むことで、私たちの心に湧き上がってくるのもこうした笑いではないでしょうか。その笑いによって悲しみが和らげられ、乱れた気持ちを立て直すことができるのです。まるでその笑いによって、より大きな生命力が発露されるかのように。
三体の巨大な男根が街中を練り歩く光景は、驚くべきものです。ピンク色を担ぐのはピンク色の女装をした男たち、より大きな鉄製を担ぐのは逞しい男たち、そして木製はより年長の男たちが担ぎます。素晴らしい一体感です。日本では性は神聖なものですが、もし、この“神輿”たちが飛び立つなら、まずインドの大仏をかすめ、スーダンのハルツームはアル・カビール・モスクの前で一休み、最後にパリのシャンゼリゼに着陸するかもしれません。しかしこれらの国の3つの宗教(仏教、イスラム教、キリスト教)の奥様たちはいずれも、この神道の祭式を受け入れないでしょう。川崎に大挙して押し寄せている外国人観光客やカメラマンは、例えばパリで同じ祭りがあったとして同じように追いかけるでしょうか?フランスでは性について語ることは「ウイ」でも、これほどリアルな形で提示することは、「ノン!」です。
「かなまら祭り」では、普遍的な男女の生殖能力が原始的な形へと単純化されています。あまりに直接的で、西洋人が世界中に広めてきた“崇高な”宗教に影響された“崇高な”教育には役に立ちません。今回は日本を離れずして、私たちは「神輿」のおかげで多くの旅をすることができました。そしてこれらの新たな発見によって元気を取戻し、すっきりした気分で祭りを後にします。日本の、これほどに素敵な率直さに感謝! パスカル バトリ
Suivez-nous sur Facebook
Partager sur Facebook