NEWSLETTER FAJ – Avril 2018 – N°6
PORTRAIT DE MEMBRE
PASCALE BATORI
“Au Japon, l’ordinaire devient extraordinaire”
Pascale Batori travaille depuis les années 2000 pour l’Éducation Nationale japonaise et développe le projet pilote de « section de recherche des langues » mené par la mairie de Yokohama. Son rôle est de familiariser les enfants japonais des écoles primaires à la culture française, en langue anglaise. Elle s’appuie sur le programme international conçu par Daniel Woods « Yes… But now in english, please ! “.
“Mon approche sur les cours de français : l’immersion dans ce programme international a complètement transformé mon approche, ma relation avec l’élève. Je ne me base plus sur ce qu’il ne sait pas mais sur ce qu’il sait. La méthode est d’autant plus gratifiante et bénéfique qu’elle envoie à l’élève le message « vous pouvez comprendre ». Les japonais ont des notions de français à travers l’histoire ou la gastronomie, vocabulaire transposé dans leur langue comme «coup d’état», «haute couture», «château», «gourmet», «mousse», etc… Il n’est pas nécessaire de tout comprendre mais avec de simples mots-clés ou expressions, toutes ces notions favorisent les actes de communication. La grammaire, le langage gestuel, l’écoute des sons, la répétition soutenue sont simplement différents moyens possibles pour communiquer”.
Pascale travaille en collaboration avec les professeurs des écoles «team teaching» et s’inspire de sa connaissance du Japon pour mieux faire connaître la France à son jeune public. Car Pascale connaît bien le Japon !
Quand elle rencontre son futur époux, Masamichi, qui exerce en tant que chef dans un restaurant japonais à Paris « Le shogun », c’est un véritable coup de foudre. Elle reconnaît en lui la force et la présence des hommes japonais qu’elle a pu déceler dans les films cultes découverts à l’adolescence, «Hiroshima mon amour» ou «La Balade de Narayama». C’est un amour fulgurant, ils se marient à Paris et enceinte, alors que son époux est appelé à rentrer au Japon pour son travail et pour une durée indéterminée, elle décide de le suivre. Le départ a lieu en 1990 et le jeune couple atterrît à Atami dans la famille de Masamichi. Les premiers mois sont difficiles, barrières linguistique et culturelle, perte de ses repères. Les relations avec sa belle-mère sont parsemées d’incompréhension mais quelques temps plus tard le couple emménage enfin dans son propre appartement. Au fil des mois, Pascale améliore son japonais, l’essor économique rend les japonais curieux de nouveaux modèles étrangers, notamment français, et en 1993 la mairie de la ville d’Atami lui propose un emploi de professeur de français. Etudiants, patrons d’hôtels, policiers, épouses, bonze, les profils de ses élèves sont variés mais tous apprécient Pascale. Ses enfants à la crèche, elle s’investit dans son nouveau travail et quelques mois plus tard elle dispense aussi des cours dans d’autres structures comme l’école de tourisme et la clinique de la ville.
Lors de ces années passées à Atami, en immersion totale, elle découvre le Japon de l’intérieur. Ses enfants fréquentant l’école internationale de Numazu, elle côtoie les mères de famille japonaises et apprend beaucoup sur la culture nippone: la communauté prime sur l’individu mais le plus déstabilisant est le fait d’être toujours dans la nuance. Pas de oui catégorique synonyme d’engagement total auquel on ne peut se désister, pas de non catégorique non plus pour ne pas briser l’harmonie des relations et qui prend une consonance encore plus forte venant d’un étranger. Savoir profiter de l’instant présent, développer l’art de la contemplation et l’unité avec la nature car «au Japon l’ordinaire devient extraordinaire».
De cette expérience, Pascale tire une vision et une approche du Japon qu’elle partage sur son site internet s-AMOUR-ai (ai: amour en japonais) qu’elle lance en 2014 avec Sonia Brichet. Un site bilingue franco-japonais à tendance culturelle basé sur les échanges interculturels.
C’est d’ailleurs pour trouver un soutien et des idées dans le développement de son projet que Pascale rejoint FAJ en 2012 au Club Entrepreneures. C’est l’occasion pour elle de se reconnecter avec sa communauté et d’y rencontrer « des femmes passionnées, énergiques et entrepreneures ». Elle s’occupe aujourd’hui des relations membres de FAJ.