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Facile la prononciation japonaise ! Pas tant que ça ! 日本語の発音なんて簡単…でもないんです!

S-amour-ai au Japon

Facile la prononciation japonaise ! Pas tant que ça !

Contrairement à ce que l’on pense généralement il existe des intonations en japonais et si on ne les respecte pas, on s’expose à ne pas être compris. J’ai personnellement eu cette expérience avec le mot hoken qui veut dire assurance et que mes interlocuteurs n’arrivaient jamais à comprendre du premier coup. Après toutes sortes de périphrases pour leur expliquer qu’il s’agissait d’argent que l’on payait de manière à être remboursé en cas d’accident, ils s’exclamaient généralement « Ah, vous voulez dire hoken ! ». Il m’a fallu très longtemps pour comprendre qu’il fallait faire descendre le ton en fin de mot si on voulait être compris.
De la même manière il peut aussi y avoir un accent tonique en japonais afin de distinguer les homonymies. C’est ainsi que l’huître káki se distingue du fruit kakí et que les baguettes háshi ne sauraient se confondre avec le pont hashí.
Je dois avouer que je suis totalement réfractaire aux tons et accents toniques en japonais. Je ne les entends pas et les retiens encore moins. Heureusement, les gens d’Osaka ont un usage inversé de ces accentuations et je peux toujours prétendre avoir commencé par apprendre le kansaiben, le dialecte du Kansai. Généralement on ne me croit pas et lorsque je commande des huîtres, je prends soin de négligemment montrer la ligne du menu car je déteste les kakis, surtout en entrée.

Un autre piège de la prononciation japonaise est la présence de voyelles allongées. Nous autres Français n’avons en principe aucun mal à les prononcer mais comme ce concept n’existe pas dans notre propre langue nous avons du mal à les enregistrer ou à les retenir. L’usage de l’anglais nous a appris tout le risque qu’il y avait à raccourcir la voyelle d’une expression comme bed sheet, un drap de lit, et il y a en japonais des dangers de même ordre. On cite le cas de ce jeune étranger qui s’était taillé un franc succès en se présentant comme l’anus de son patron alors qu’il voulait dire son conseiller (kômon à la place de komon). Certains ont tendance à tout raccourcir, d’autres et c’est mon cas, à tout rallonger mais dans un cas comme dans l’autre les haussements de sourcils interrogateurs nous rappellent que souvent cela ne passe pas.
Nos amis japonais ont un problème similaire en français avec le « r » et le « l ». Même ceux qui arrivent à prononcer notre « r » correctement l’intervertissent souvent avec un « l » et c’est ainsi que « rond » devient « long » et on ne sait plus très bien si le riz ainsi qualifié est finalement japonais ou thaï. Le mot « riz » peut d’ailleurs lui-même se transformer en « lit » mais, le contexte aidant, il est peu probable que le malheureux nippon qui a commandé à Paris un kilo de riz long se voie livrer à la place un lit rond. Pour eux comme pour nous, savoir prononcer n’est pas tout, il faut aussi pouvoir se souvenir.

Par Pierre Sevaistre

 

 

 

 

 

日本語の発音なんて簡単…でもないんです!

 

フランス人にはあまり知られていませんが、日本語にはイントネーションが存在し、それを守らないと聞き手に理解してもらえません。個人的には、ホケン(保険)という言葉でこうした経験をしました。どうしても一度で相手に伝わらないのです。事故に遭ったらそれまでに納めた分を払い戻してもらうお金のことです、などと遠回しの言い方で説明を尽くして、やっと相手は「ああ、保険のことですか!」と叫ぶのでした。正しく伝えるには語尾でトーンを下げる必要がある、と分かるまでには長い時間がかかりました。

同じように、同音異義語を区別するために強さアクセントが存在する場合もあります。例えば「牡蠣」と「柿」、「箸」と「橋」。

実を言うと、私は日本語の音調や強さアクセントが大の苦手です。聞き分けるのでさえ難しく、覚えるなどは至難の業です。幸い、大阪ではアクセントの置き方が逆なので、最初に関西弁を習ったのですよ、とうそぶくことができます。これは概して信じてもらえませんが。そして牡蠣を注文するときには、わざと無頓着な様子でメニューを指でさすことにしています。柿はあまり - 特に前菜としては - 好きではありませんから。

 

日本語の発音におけるもうひとつの落とし穴、それは長母音の存在です。一般的に、フランス人にとってそれを発音することは難しくないのですが、フランス語には無い概念なので覚えるのが大変です。英語を使うとき、たとえばbed sheet(ベッドシーツ)という表現で母音を短く発音することの危険性(shit=くそ、と聞こえてしまう)があるように、日本語でもこの類の問題が発生します。私は来日したばかりの若い時分、自己紹介で雇い主の「顧問」であると言うつもりで「肛門です」と言ってしまい、大当たりをとりました。母音をすべて短く言う傾向のある人もいますが、私も含めてすべて伸ばして言う傾向のある人もいます。いずれにしても、相手が眉をひそめるのを見て、その言い方ではダメだということを悟るのです。

いっぽうで日本人も、フランス語の「r」と「l」で同じような問題に直面しています。「r」を正しく発音できる人でさえ、「l」と入れ替わってしまう場合が多く、「rond(丸い」を「long(長い)」と言ってしまうため、その人が欲しがっているのが丸い日本の米なのか、長いタイ米なのかが判然としないという事態が生じます。そもそも「riz(米)」という単語自体が「lit(ベッド)」に変わってしまう可能性があるのですが、幸い文脈が役立って、ニッポン人がパリで1キロの「riz long(長い米)」を注文し、「lit rond(丸いベッド)」を配達されるという不幸はまず生じないでしょう。日本人にとってもフランス人にとっても、正しい発音だけがすべてではなく、記憶しておく力も必要なのです。

 

Ye Lai Xiang 夜来香 

S-amour-ai au Japon

Ye Lai Xiang

En 1980 alors que j’étais depuis trois ans au Japon ma société m’a demandé d’aller la représenter pour le mariage du fils de son distributeur à Taiwan. Cela leur coûtait moins cher que d’envoyer quelqu’un depuis la France et pour moi, c’était une aubaine car après trois ans d’investissements importants dans l’étude des kanji, j’allais pouvoir aller voir l’original après avoir travaillé sur la copie.

C’est ainsi que pour la première fois j’ai mis les pieds sur l’île de beauté, a Formosa, comme disaient les Portugais, et que je foulais un sol chinois. Pour ce qui est de l’écriture, je n’ai pas été déçu mais je suis aussi tombé sous le charme de la langue parlée et cela a été le prétexte de plusieurs voyages d’études ultérieurs. En plus de la langue chinoise elle-même, une motivation supplémentaire était que les professeurs de la petite école de langues que j’avais trouvée, était un groupe de filles sympathiques devenues des amies dans le processus.

J’avais demandé à mes nouvelles amies quelles étaient les chansons à la mode à Taiwan et elles m’avaient conseillé d’écouter Deng Li Qun, une vraie xiǎojiě, demoiselle, avaient-elles dit. J’ai donc acheté quelques cassettes de cette chanteuse que je me suis mis à écouter en boucle dans l’espoir malheureusement déçu d’apprendre ainsi le chinois. Il y avait en particulier deux chansons dont je peux encore fredonner les mélodies,  Yè lái xiāng (Senteurs de la nuit naissante(*) ; https://www.youtube.com/watch?v=xpkf8vyH4a0)  et Hérì jūn zàilái (Quand reviendras-tu ? https://www.youtube.com/watch?v=ztRQ_Fn02vk).  Deng Li Qun était à l’époque une vedette de premier plan non seulement à Taiwan mais aussi sur le continent chinois bien qu’elle y ait été interdite et distribuée à base de copies faites sous le manteau.

Ce n’est que des années plus tard que je me suis rendu compte que la chanteuse était connue au Japon et dans le monde entier sous le nom de Teresa Teng. C’est encore beaucoup plus tard que j’ai découvert que ses deux chansons avaient été reprises d’une chanteuse et actrice japonaise Yamaguchi Yoshiko plus connue sous son nom chinois de Li Xianglan que les Japonais prononcent Ri Kôran. Li Xianglan était née de parents japonais en Mandchourie et avait été élevée dans les deux cultures et les deux langues. A une époque où la présence japonaise était mal ressentie par la population locale, elle avait pris l’habitude de cacher ses origines et de se présenter comme chinoise. Elle avait été embauchée par la société Mandchourienne de cinéma, un organisme crée par les Japonais après l’incident de Mandchourie en 1931 et destiné à promouvoir l’amitié sino-japonaise dans les territoires occupés. Li Xianglan qui était chanteuse en plus d’actrice est devenue une vedette de premier plan dans le Shanghai de la fin des années trente et le début des années quarante. Elle était vue comme une chinoise et certains lui reprochaient sa collaboration avec des œuvres liées à la propagande japonaise. A la fin de la guerre elle a été arrêtée puis jugée comme collaboratrice mais elle a pu échapper à une peine probablement capitale en prouvant qu’elle était japonaise. On peut écouter sa version originale des deux chansons comme suit : https://www.youtube.com/watch?v=9cHb3HkXKo4 ;             https://www.youtube.com/watch?v=kmrr2HUNEwo.

Ainsi, l’interdiction des disques de Teresa Teng en Chine continentale n’était pas uniquement due au fait que leur interprète était taïwanaise mais aussi à l’origine historiquement douteuse des chansons. Et pourtant celles-ci ont survécu à toutes ces avanies et sont parvenues jusqu’à nous pour devenir maintenant des classiques. Comme quoi l’art dépasse parfois la politique.

On entend souvent l’une ou l’autre chanson, généralement en version japonaise, à la télévision au Japon. Elles sont le témoin d’un temps passé où pour le meilleur ou souvent pour le pire, Japonais et Chinois étaient proches et partageaient certaines choses.

Deng Li Qun nous a quitté en 1995 pour une bête histoire d’asthme à l’âge de 42 ans. Quand à Li Xianglan elle a recommencé après la guerre une carrière au Japon qui l’a amenée à devenir députée à la diète et à prendre la tête du fond de compensation pour les femmes de réconfort en Asie. Elle a quitté ce bas monde en 2014 au bel âge de 94 ans, restant jusqu’au bout un rare trait d’union entre ces deux pays qu’elle aimait.

 

(*) Ye Lai Xiang, littéralement « nuit, venir, parfum » est le nom d’un fleur odorante, la tubéreuse qui est peu connue en France et dont le nom a des consonances de maladie grave. C’est pour cela qu’en général, on traduit le nom mot à mot, c’est plus poétique.

Pierre Sevaistre

 

夜来香 Ye Lai Xiang

夜来香 Ye Lai Xiang

日本に住み始めて3年が経った1980年、私は勤務先の会社から台湾の販売業者の息子の結婚式に会社代表として参列するよう頼まれました。会社にとってはフランスから誰かを行かせるよりも安くつきますし、私にとっても願ってもないことでした。というのも、3年間熱心に日本の漢字を学んでいたので、遂に本物を見られると思ったからです。

こうして、私は初めて美麗島、ポルトガル人が言うところのFormosa (美しい島という意味、台湾のこと)に足を踏み入れ、中国の土を踏みました。漢字については期待通りでしたが、同じく話し言葉にも魅了され、その後も何度か学びの旅に出かけることとなりました。言語そのものの魅力に加えて、私が見つけた小さな語学学校の先生方がとても感じのよい娘さんたちだったことも、学びの動機となっていました。彼女たちとは、次第に友達づきあいとなってゆきました。

この新しい友人たちに台湾で流行っている歌は何かと尋ねたところ、Deng Li Qun(鄧麗君)を聞くようにと勧められました。本当の「小姐(お嬢さん)」であると言って。そこでこの歌手のカセットをいくつか買って繰り返し聞き、何とかそれで中国語を学ぼうとしました。これは残念ながら失敗に終わりましたが、今でもメロディーを口ずさむことができる曲が2曲あります。Yè lái xiāng (夜来香*  https://www.youtube.com/watch?v=xpkf8vyH4a0)と Hérì jūn zàilái (何日君再来https://www.youtube.com/watch?v=ztRQ_Fn02vk)です。当時  Deng Li Qunは台湾だけでなく中国本土でも大人気のスターでした。彼女の歌は本土では放送禁止されていたのですが、ダビングしたカセットテープを回すなどして密かに聴かれていました。

数年後になって私はようやく、この歌手がテレサ・テンという名で日本のみならず世界中で有名であることに気づきました。さらにずっと後になって、彼女の2曲が日本の歌手で女優の山口淑子(中国名の李香蘭といった方が有名です)の歌をカバーしたものであることも知りました。李香蘭は日本人の両親の間に満州で生まれ、日本と中国という2つの文化、2つの言語を身につけるよう育てられました。当時、現地の人々に日本人の存在は快く思われていなかったため、彼女は自分が日本人であることを隠し、中国人として振る舞うようになりました。そして1931年の満州事変の後に満州における日中友好を目的に設立された国策会社「満州映画協会」に雇われます。1930年代の終わりから40年代の初めにかけての上海で、李香蘭は歌手としても女優としても大人気となりました。中国人スターと思われていたため、日本のプロパガンダ映画に協力しているという非難の声も一部にありました。終戦後は逮捕され、漢奸(祖国反逆者)として軍事裁判にかけられましたが、日本人であることを証明して死刑を免れました。李香蘭による2曲のオリジナルバージョンは以下で聞くことができます:https://www.youtube.com/watch?v=9cHb3HkXKo4

https://www.youtube.com/watch?v=kmrr2HUNEwo

テレサ・テンの歌が中国本土で放送禁止となった理由は、彼女が台湾人であることだけでなく、こうした歌の出所が歴史的にいわくつきであったためでもありました。それでも彼女の歌は弾圧を乗り越え、名曲として今の時代まで受け継がれてきました。このように、芸術は時として政治を凌駕するものです。

日本のテレビでは、これら2曲を主に日本語バージョンでよく耳にします。これらの歌は、日本人と中国人が互いに身近な存在で、一定のものを分かち合っていた古き良き(または悪しき)時代の証なのです。

テレサ・テンは1995年に気管支ぜんそくのため42才という若さで亡くなりました。一方で李香蘭は、戦後の日本で芸能活動を再開し、後に参議院議員になり、政界引退後はアジアにおける元従軍慰安婦に対する補償基金(女性のためのアジア平和国民基金)の副理事長も務めました。そして2014年、94才という天寿を全うして亡くなります。最後まで日本と中国という国を愛し、その貴重な架け橋となった一生でした。

 

(*) Ye Lai Xiangとは文字通りに訳すと「夜、来る、香り」で、香りのよい花の名前です。フランスではほとんど知られていない月下香(tubéreuse)のことで、この名前は結核(tuberculose)を思い起こさせます。そのため、通常は直訳するのですね。その方がより詩的ですから。

 

 

Ijime, dame, zettai ! いじめ、ダメ、絶対!

S-amour-ai au Japon

baby-metal-2Je vous l’ai dit mille fois, au Japon il fait bon vivre. Les gens sont délicats, prévenants; l’air y est parfumé de fleurs de cerisier… Oui le Japon dans ses mythes, clichés mais aussi réalités semble être une destination de choix pour qui cherche paix sociale et intérieure.
Pourtant, l’aventure peut rapidement tourner au cauchemar en cela que la société japonaise, elle aussi, offre son lot de discriminations, dysfonctionnements ou violences, le plus souvent psychologiques.

Aucun milieu n’y échappe, ni même aucune tranche d’âge; le harcèlement, la mise à l’écart, l’abus de pouvoir, le harcèlement sexuel sont des concepts qui malheureusement ont bel et bien ancrage dans la société japonaise. Autant vous le dire d’entrée de jeu, comme c’est souvent le cas, les Japonais une fois encore, ne font pas les choses à moitié ! Je vous propose donc une petite mise en revue de toutes les raisons de vous méfier du sourire trop forcé, de l’aimable courbette ou du compliment intempestif car ceux-ci peuvent dissimuler des intentions bien plus sombres.

baby-metalSi vous suivez la musique japonaise, vous aurez peut-être entendu parler d’un groupe dénommé Baby Métal, qui comme son nom l’indique, est la rencontre entre, euh…, des jeunes filles très très jeunes (et habillées très très court) et de la musique métal. Nous ne sommes pas là pour ouvrir un débat musical mais plus pour nous intéresser à l’un de leur tube “Ijime, dame, zettai” (la traduction littérale est difficile tant le mot ijime est fort d’une réalité très culturellement marquée; néanmoins cela pourrait se traduire par “Non au harcèlement!”). Au Japon se faire “ijim-er” revient à subir des brimades constantes, à se faire ostraciser de la manière la plus cruelle qu’il soit, chose qui dans une société fondée sur le collectif, peut avoir des conséquences dramatiques sur l’individu touché. Que l’on soit mis à l’écart, tête de turque de sa classe, “bullied” pour reprendre le terme anglo-saxon, il ne semble pas y avoir de discrimination d’une société à l’autre, le “ijime” ne serait dès lors que partie d’un triste fond commun à la nature humaine. Pourtant, cette pratique au Japon me semble plus insidieuse car moins visible et donc de facto plus difficile à contrer. Il n’est pas évident de recevoir de l’aide quand le “bully” sait bien se cacher. En effet, sous couvert d’une attitude sociale irréprochable où la politesse et le respect d’autrui sont lois, le coupable se verrait donner le bon Dieu sans confession. Ce qui est le plus choquant à mon sens c’est de constater le fossé qu’il peut parfois exister entre le respect de la norme sociale et l’excès dans les dérives. Après de nombreuses années au Japon, j’ai eu loisir de me rendre compte que les Japonais ne font jamais rien à moitié. Pas de demi-mesure, pas de zone grise, pas de mi-figue mi-raisin, le Japon a un côté jusqu’au-boutiste qui est à la fois admirable et terrifiant. Le ijime n’échappe pas à cette règle, et les victimes sont souvent dans des situations psychologiques très précaires qui peuvent amener au suicide. C’est le cas dans d’autres pays, évidemment, ou malheureusement devrais-je dire, pour autant, il n’est pas inintéressant d’analyser les différences culturelles, même sur des sujets qui fâchent ! Qu’est-ce qui rend le “ijime” japonais si… japonais justement? Je l’annonçais en introduction, le contexte social est bien différent, et donne à ce harcèlement un caractère bien particulier.

L’individu japonais ne se définit que dans son appartenance à un groupe. Le “nous” prime sur le “moi”. Le développement social du jeune Japonais est toujours entendu dans une acception collectiviste. Le “moi” n’évolue donc pas seul mais dans une école, un quartier, une entreprise… Que se passe-t-il lorsque l’individu est violemment ostracisé, mis en marge du groupe ? Il y a tout simplement perte fondamentale de repères. Ne pas appartenir à un ensemble qui nous dépasse, revient au Japon à ne pas exister, tout simplement. Vous pressentez peut-être un peu mieux la violence et les effets psychologiques de ce ijime. Le groupe est une entité qui a sa vie propre, sa force et qui peut à bien des égards apporter un réconfort incroyable dans les moments les plus difficiles. Néanmoins, la société japonaise ne permet pas la mise en avant de la réussite individuelle ou simplement de l’individu. Ainsi quand votre groupe d’appartenance vous prend en grippe, quand vos camarades de classe décident de se liguer contre une même victime (la lâcheté du groupe contre l’individu dépasse les différences culturelles !), quand votre patron se met en tête que justement votre tête ne lui revient pas, attention ! L’approche frontale qui viendrait naturellement à l’esprit d’un Français par exemple, qui évolue dans une société où la parole individuelle a un poids véritable et peut s’exprimer sans honte, n’est pas des plus naturelles au Japon. En effet, lorsque l’on a pas été habitué à se défendre, à crier haut et fort ses principes sans peur de la réaction de l’autre, que faire ? Le Japonais a la tendance, à mon sens malsaine, de recourir au “gaman”.

Le “gaman” me dépassera toujours ! Je ne comprends pas comment il est possible dans certaines situations de se résigner. Car le “gaman” c’est la résignation. C’est le “on n’y peut rien”, “je ne peux rien faire”. Cet état d’esprit n’engendre donc aucune action pour se défaire d’une situation pénible. Votre patron vous terrorise ? Vous démissionnez, n’est-ce pas ? ou du moins vous tentez d’adresser le problème. Le Japonais traditionnellement fera “gaman” jusqu’à ce qu’il ait perdu la dernière parcelle de son âme ! Les Japonais ont une capacité à encaisser les coups et à en redemander ! Une telle attitude face à la vie est admirable et permet de s’élever au dessus de la contingence des événements et des vicissitudes de la vie. Pourtant, cette approche peut s’avérer dangereuse si ce n’est mortelle lorsque le ressenti ne suit pas la philosophie. La posture de “grand prince” devant un groupe de persécuteur est admirable, certes, mais si le mental ne suit pas, le grand prince peut rapidement devenir captif des donjons de sa propre résignation. Le savoir-dire-non est en cela primordial. Les Français savent le dire et ne se gênent guère en la matière ! Non à la monarchie, non à telle ou telle loi, tout le monde dans la rue à crier NON ! Certains diront que les Français vont trop loin, qu’ils sont réactionnaires, peut-être, mais cela n’est pas notre propos, toujours est-il que le refus de la fatalité pourrait s’avérer salvateur pour les Japonais en situation de ijime. Savoir extérioriser sa pensée profonde est une arme privilégiée contre les emmerdeurs de tous bords ! Les mots sont la source et la ressource de l’homme libre.

Rappelez-vous les propos de La Boétie dans son célèbre Discours de la Servitude Volontaire: “Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner.” Si vous vous retrouvez un jour en situation de ijime, ne donnez rien ! Ne donnez pas votre santé mentale, ne donnez pas prise, donnez à la rigueur une bonne paire de claques. Cette approche n’est somme toute pas la plus philosophique, mais elle soulage !

Matthieu Lavalard

いじめ、ダメ、絶対!

これまでに何度も申し上げたように、日本は住みやすい国です。人々は思いやりがあって親切。空気には桜の花の香りが漂い… そう、神話の中の日本、典型的な日本のイメージ。そして実際、治安の良さや心の平安を求めて日本にやってくる人もいるようです。
しかし、この冒険はすぐに悪夢に変わりかねません。日本の社会にも差別、機能不全、あるいは暴力、特に精神的な暴力が存在するのですから。

こうした問題は、あらゆる社会階層、あらゆる年代で生じています。執拗な攻撃、仲間外れ、権力の濫用、セクハラなどは、残念ながら日本社会にしっかりと根を下ろしています。初めに言っておくと、日本人はここでも徹底的にやりますよ!ですから今回の記事では、わざとらしい微笑み、愛想の良いお辞儀、あるいは場違いなお世辞などに用心する理由をすべておさらいしておきましょう。これらの裏には、より薄暗い思惑が隠されている場合があるのですから。

日本の音楽をフォローしている方なら、おそらくBABYMETAL(ベビーメタル)というグループの名を耳にしたことがあるでしょう。名前が示す通り、若い女性たち、それもとっても若い(そして非常にスカートの短い)女性たちと… メタルとが融合したユニットです。ここでは音楽に関する議論を展開するのではなく、彼女たちの曲「イジメ、ダメ、ゼッタイ」に注目したいと思います(イジメという単語は極めて文化的な現実を反映しているので、これをフランス語に直訳するのは難しいです。それでも“Non au harcèlement !(ハラスメントはダメ)”と訳せるでしょうか)。日本で「イジメられる」とは、常に嫌がらせをされたり、これ以上ないほど残酷な形で排斥されたりすることであり、特に後者は、集団を基盤とする日本のような社会においては、標的とされた個人にとって深刻な結果をもたらす場合があります。仲間外れにされたり、クラスで笑いものになったり、英語で言えば“bullied(いじめられ)”たりと、どこの社会でも同じ現象が生じているようです。したがって、“イジメ”は人間に共通して備わっている悲しい性の一部に過ぎないのかもしれません。とはいえ、日本におけるイジメはより狡猾に思われます。より目立たぬように行われるため、事実上、防ぐのが難しいのです。“イジメ”がうまく隠されている場合、ヘルプを受けることは容易ではありません。実際、他人への礼儀と尊敬を絶対とする、社会的に非の打ちどころのない態度の下に、とんでもない悪人が隠れている場合があるのです。私にとって最もショックなのは、社会的規範の尊重と、そこからの極端な逸脱との溝の深さが時に存在し得ると気付くことです。日本に何年も暮らして、私は日本人は何事も徹底的にやるのだ、と気づくことができました。中途半端もグレーゾーンもどっちつかずも無し。日本人には徹底主義者の側面があり、これは素晴らしいと同時に恐ろしくもあります。イジメもこの規則に漏れず、標的とされた人は心理的に大きくダメージを受け、自殺にまで至るケースもあります。もちろん、あるいは不幸にもというべきか、他の国でも生じている問題ですから、文化的な違いを分析することは興味深いでしょう。たとえ心がいらだつテーマであっても!日本の“イジメ”を、まさに“日本的”にしている原因は何か?冒頭で述べた通り、社会的背景が大きく異なるため、このイジメには特殊な性格が与えられています。

日本人は、集団への帰属によってのみ自己を定義します。「私」よりも「私たち」が大切なのです。日本の若者の社会的発展とは、常に集産主義的な承認のなかで実現されます。つまり「私」はひとりでに成長することはなく、学校、地域、企業等々の中で形成されるのです。それでは個人が激しく排斥され、集団からのけ者にされた場合には何が起こるでしょうか?それはすなわち、自分の座標が根本から失われることを意味します。日本で集団に所属しないということは、単に存在しないことに等しいのです。こうしたイジメの暴力や心理的影響については、より適切な説明が可能かもしれません。集団とは、固有の命や力をもち、多くの点で最もつらい瞬間に驚くべき慰めを与えてくれる可能性のある存在です。いずれにせよ、日本社会は個人の成功、あるいは単に個人がクローズアップされることを善しとしません。ですから、自分が所属する集団から反感を抱かれたとき、同級生たちがひとりを標的にして団結したとき(個人に対する集団の臆病さはどの文化でも共通です!)、上司から言う事を聞かないやつだと思われたとき、ご注意を!たとえばフランス人の - 個人の言葉が本当の重みを持ち、臆することなく自分の意見を表明できる社会で育ったフランス人の - 頭に自然と浮かぶであろう真正面からのアプローチは、日本人にとっては不自然な対応と映るものです。反論することや、他人の反応を恐れず自分の主義主張を高らかに主張することに慣れていない場合、どうしたらよいのでしょうか?私の不健全な考えによれば、日本人はこうした場合 「ガマン」に走る傾向があります。

ガマンはいつも、私の手に負えません!どうしてこの状況を甘受することができるのか、理解に苦しむ場合があります。ガマンとは諦めて受け入れることだからです。「どうしようもない」「自分には何もできない」と。したがって、こうした精神状態は辛い状況から逃れるための行動をいっさい生み出しません。上司からパワハラを受けている?フランス人なら当然、辞職しますよね?少なくとも問題提起を試みるでしょう。しかし日本人は伝統的に、自分の魂の最後のかけらを失うまでガマンをします!日本人はパンチを食らい、もっと下さいと言える能力があるのです!こうした態度は見上げたものであり、不測の事態や人生の苦難に動じずにいられる力をもたらします。とはいえ、こうしたアプローチは、感情が哲学に従っていない場合には致命的とまでは行かずとも危険な可能性があります。自分を迫害する集団に対する「偉大な王子」然とした態度は確かに素晴らしいものですが、心がついてこなければ、偉大な王子はすぐに自らの忍従という城塞に囚われの身となりかねません。この場合、最も重要なのは「NO」と言えることです。フランス人はまったくためらうことなくNOと言えます!君主制にNO、あれそれの法律にNO、 誰もがデモに参加してNOと叫びます!フランス人はやり過ぎだ、反動的だという意見もあるでしょうが、今回の議論とは関係ありません。いずれにせよ、必然だという諦めを拒むことは、日本人にとってイジメの状況からの救いとなるでしょう。自分の本当の感情を表に出せることは、あらゆる“うるさいやつら”に対する特別の武器です!言葉は、自由な人間の源であり、苦境を脱する手段なのです。

ラ・ボエシーの有名な『自発的隷従論』の一節を思い出してください。「圧制者には、立ち向かう必要なく、打ち負かす必要もない。国民が隷従に合意しない限り、その者は自ら破滅するのだ。何かを奪う必要など無い。ただ何も与えなければよい。」 もしもある日イジメられる状況に陥ったら、何も与えてはいけません!心の健康を犠牲にしたり、イジメられるような原因を与えたりしないように。やむを得ない場合には、往復びんたを与えましょう。こうしたアプローチは最高に哲学的とは言えないものの、心の重荷を軽くしてくれます!

La fausse barbe de l’article 9九条の本当の姿

S-amour-ai au Japon

Traduction japonais/français

palais-tokyoVous savez que notre premier ministre, Shinzô Abe, voudrait changer la constitution japonaise afin de modifier l’article 9, celui du renoncement à la guerre imposé par l’occupant américain en 1946. Cet article ne correspond plus à la réalité, dit-il, et le Japon doit redevenir un pays normal. Il n’est pas sûr qu’Abe arrive à ses fins et en particulier parce que la procédure de modification de la constitution est compliquée et demande une majorité des deux tiers dans les deux chambres ce qui n’est pas quelque chose d’assuré.

Il n’ y a aucun doute que la constitution actuelle a été imposée par les Américains. MacArthur avait demandé une nouvelle constitution mais la commission Matsumoto en charge de la rédaction du projet avait essayé de n’apporter que quelques modifications cosmétiques au texte précédent de Meiji. Le ministre des affaires étrangères, Yoshida s’est vu remettre un document dactylographié rédigé en deux semaines par un groupe de jeunes juristes américains dont un seul, ou plutôt une seule car il s’agit de Beate Sirota, récemment décédée, parlait japonais. Ce texte prévoyait dans son article 9 le renoncement à la guerre mais de manière plus importante, il imposait aussi le fait que le Japon devienne une démocratie et que le rôle de l’empereur devienne symbolique. Le texte final fut approuvé par Hirohito conformément à ce que prévoyait la constitution Meiji selon laquelle toute modification devait être approuvée par l’empereur. Cette nouvelle constitution était donc légale aux yeux de la loi japonaise.

L’idée du renoncement à la guerre n’était pas américaine à l’origine. C’était une proposition du premier ministre Sidehara dont il est vrai MacArthur s’était vite emparé. En revanche aucune proposition japonaise du côté de la démocratie. Il est vrai qu’il n’y en avait pas trace dans la constitution Meiji. Tous les pouvoirs étaient en principe concentrés entre les mains de l’empereur, en pratique entre les mains de fonctionnaires et de militaires qui se cooptaient selon des critères obscurs. Si quelque chose a été imposé au Japon contre son gré, ce n’est pas le renoncement à la guerre, c’est la démocratie. Elle n’a pas été gagnée par le peuple japonais, elle leur a été donnée alors qu’il n’avait rien demandé.

Par Pierre Sevaistre

 

九条の本当の姿

皆さんご存知の通り、日本の安倍晋三首相は憲法第九条の改正に意欲を示しています。戦争放棄をうたう第九条は1946年にアメリカ占領軍から課せられたものです。安倍首相は、九条はもはや現実にそぐわない、日本は正常な国に戻るべきだ、と主張しています。首相がこの目標を達成できるかはわかりません。特に、憲法改正の手続きは複雑なうえ、衆参両院で三分の二以上の賛成を得るという高いハードルがあるためです。

現行の憲法がアメリカに押し付けられたものであることは間違いありません。マッカーサーは新憲法の制定を求めましたが、その起草を担当した憲法問題調査委員会(いわゆる松本委員会)は、明治憲法を部分的に化粧直しした程度にすぎない試案を作成しました。その後、当時の吉田茂外務大臣に対して、アメリカの若い法学者二人が二週間で作成したタイプ原稿が提出されました。この二人のうち日本語を話せたのは、最近亡くなったベアテ・シロタ女史だけでした。この草案の第九条は、戦争放棄をより重要な項目として定めたほか、日本が民主主義国家となること、天皇の役割を象徴とすることも課していました。明治憲法の「憲法改正にはすべて天皇の承認が必要である」という規定に則って最終案を昭和天皇が承認したことにより、新憲法は日本の法律に照らして合法的に制定されたのです。

戦争放棄という概念は、もともとアメリカ側から持ち込まれたものではありませんでした。当時の幣原首相の提案だったのを、マッカーサーが素早く横取りしたのです。一方、民主主義に関しては日本側からいかなる提案もありませんでした。確かに、明治憲法には民主主義の影も形もなかったのです。理論的には、あらゆる権力が天皇の手中に集中しており、実際には、曖昧な基準で任命されていた官吏と軍人の手中にあったのです。もし日本が自らの意志に反して何かを押し付けられたのだとしたら、それは戦争放棄ではなく、民主主義です。民主主義は日本の国民が勝ち取ったのではなく、何も求めていなかったのに与えられたものなのです

Sidotti, Chiara et nous…シドッチ、キアラ、そして後に続く私たち…

S-amour-ai au Japon

En avril 2016, on a appris que les restes humains retrouvés deux ans plus tôt, dans un chantier sur le site du « kirishitan yashiki », à Myogadani dans Bunkyo-Ku, étaient probablement ceux du missionnaire jésuite italien Giovanni Battista Sidotti mort en prison en 1714.

Parmi tous les missionnaires catholiques qui ont péri au Japon en service commandé, Sidotti tient une place particulière car il a été le dernier. Le « Kirishitan Yashiki » où on l’a retrouvé, n’avait rien d’un manoir; c’était en fait une prison pour les chrétiens dont l’un des locataires précédents, avait été Giuseppe Chiara, sicilien et jésuite comme lui, mais qui était « tombé », c’est-à-dire qu’il avait renié sa religion. Chiara avait été capturé en 1643 à 39 ans et il avait vécu les 40 ans suivants dans ce même lieu en résidence surveillée sous le nom d’Okamoto San-emon. C’est lui qui a servi de modèle au personnage de Sebastião Rodrigues dans l’exceptionnel roman d’Endô Shûsaku, « Silence ». Je recommande la lecture de ce livre exceptionnel à tous, sauf à ceux qui sont dans une période un peu dépressive. Ceux-là feront mieux d’attendre un petit peu.

Sidotti a donc opéré au Japon soixante ans après Chiara. Il s’était fait construire un bateau à Manille et s’était déguisé en samouraï mais il "Samurai: Art of War" exibition (Выставка "Самураи: Art of War")semble que cela n’ait pas trompé grand monde d’autant plus qu’il ne parlait pas un mot de japonais. Il a été arrêté à Yakushima juste après avoir débarqué. Transféré à Tokyo, il a été interrogé par un dignitaire confucéen, Arai Hakuseki avec lequel il échangea beaucoup et devint presque ami. Il n’y avait pratiquement plus de chrétiens au Japon et les prêtres n’étaient plus systématiquement torturés ou exécutés comme par le passé. Sidotti, bien que n’ayant rien renié, aurait probablement pu passer paisiblement le reste de ses jours à Myogadani comme Chiara mais il avait converti et baptisé le vieux couple qui lui servait de gardiens et il fut jeté avec eux dans cul de basse fosse où on les laissa mourir de faim. Ce sont bien trois corps qui ont été retrouvés dans le sous-sol du « Kirisitan Yashiki » et pour l’un d’entre eux, le plus grand, l’ADN montrait clairement une origine occidentale.

Sidotti comme avant lui, Chiara et bien d’autres encore qui, soit ont dû repartir, soit ont fini leurs jours sur cette terre, sont en quelque sorte nos lointains prédécesseurs à nous qui par devoir, par amour ou par habitude, avons élu domicile au Japon et n’envisageons pas d’en changer. Nous, nous n’avons pas eu besoin de nous déguiser en samouraïs et on nous a donné le temps d’apprendre la langue mais le fait que la découverte de Sidotti ait fait la première page dans les journaux montre que même lorsqu’ils les écrasaient sans pitié, les Japonais avaient et gardent une certaine considération pour ceux qui ont fait le long chemin qui mène jusque chez eux.

Pierre Sevaistre

 

シドッチ、キアラ、そして後に続く私たち…

2016年4月、文京区茗荷谷にある「切支丹屋敷跡」の工事現場から2年前に発見された人骨が、1714年に獄死したイタリア人宣教師、ジョバンニ・バッティスタ・シドッチのものである可能性が高いことがわかりました。

日本で命を落としたカトリック宣教師のなかでも、シドッチは特別な地位を占めています。というのも、彼はキリシタン禁令下の最後の宣教師だったからです。人骨が発見された「切支丹屋敷」は豪華な屋敷などではなく、キリスト教徒の牢獄として建てられたものでした。 シドッチに先駆けてここに収容された人物のひとりにジュゼッペ・キアラがいます。シドッチと同じくシチリア島出身のイエズス会宣教師ですが、キアラは「陥落」、つまり自分の信仰を捨てました。キアラは1643年に39歳で捕らえられ、その後40年間を、岡本三右衛門と名乗り、監視を受けながらこの屋敷で暮らしました。 遠藤周作の傑作『沈黙』の主人公セバスチャン・ロドリゴのモデルはキアラです。 この素晴らしい小説は、ぜひ皆さんに読んでいただきたい。ただし気持ちが滅入っている時にはお勧めしません。元気になってからの方が良いでしょう。

キアラから60年の後、シドッチが日本にやって来ました。マニラで船を造らせて日本へ渡り、侍に変装して屋久島に上陸したのです。しかし日本語が一言も話せなかったこともあり、すぐに見つかり捕らえられてしまいます。その後東京へ送られ、当時の幕政の有力者で儒学者であった新井白石による尋問を受けます。2人は多くの対話を重ね、ほとんど友人と言えるほどの関係になりました。当時の日本にはもはやキリスト教徒はほぼおらず、以前のように聖職者と見れば例外なく拷問や処刑をするという風潮は無くなっていました。シドッチは信仰を保ったままでキアラと同じくその後の人生を茗荷谷で穏やかに過ごすこともできたでしょう。しかし、彼は屋敷で自分の監視役であった夫婦をキリスト教に帰依させ洗礼を授けたことで、夫婦とともに地下牢に幽閉されて餓死しました。「切支丹屋敷跡」の下から発見された人骨はたしかに3体で、うち最も背の高いものは、明らかに西洋人のDNAであることが確認されました。

シドッチやそれに先立つキアラをはじめ、日本を去らざるをえなかったり日本で最期を迎えたりしたその他大勢の宣教師は、 いわば私たちの遠い先人です。仕事のため、愛のため、あるいは惰性で、日本に住み続けることを選んだ外国人の。私たちはサムライに変装する必要はなく、日本語を学ぶ時間も与えられました。しかし、シドッチの遺骨を発見というニュースが新聞各紙の一面を飾ったという事実は、 日本人は彼らを情け容赦なく弾圧しつつも、遠路はるばる自国へやって来た外国人に対してある種の敬意を抱いており、そしてその精神は今でも受け継がれていることを示しています。                                                                                                                                                                                                                                                                            ピエール・スベストル

 

 

La machine du temps ou dans le temps 和文タイプ

s-amour-ai

s-amour-aiLorsque je suis arrivé au Japon, il y a de cela bientôt quarante ans, il n’y avait pas d’ordinateurs personnels ni de traitement de texte. Les téléphones n’étaient pas intelligents, ils n’étaient même pas portables, et le fin du fin de la technique à l’époque consistait à passer des appareils noirs de bakélite, à cadran rotatif, à d’autres en couleurs avec des boutons à pousser et même quelquefois de petites lampes pour montrer les lignes occupées.

Il n’y avait pas de mail, bien sûr, et pour communiquer avec la France, on devait utiliser le « telex » avec des bandes perforées. Pour communiquer en japonais avec un tel instrument, il fallait soit écrire en romaji soit en katakana et je ne sais pas lequel était le pire à lire. Les Japonais eux-mêmes n’aimaient pas les textes en katakana et ils préféraient de beaucoup utiliser un moyen moderne beaucoup plus facile qui était le fax. On écrivait à la main et on passait le résultat dans la machine. Toutes les sociétés en étaient équipées à ce moment-là alors qu’en France, on ne savait même pas que cela existait.

Dans les bureaux français, l’équipement de base était la machine à écrire dont la plus fameuse était la machine IBM à boule. Les photocopies étant encore chères et malcommodes, pour faire un rapport en plusieurs exemplaires, il fallait mettre des carbones sur sa machine et si on avait le malheur de faire une faute de frappe, il fallait aller mettre du typex sur toutes les copies. Aussi j’étais très curieux de voir comment les Japonais se débrouillaient pour produire des textes dactylographiés et j’ai été très surpris de découvrir, que fondamentalement, ils ne tapaient pas. Ils écrivaient à la main et faisaient en cas de besoin des photocopies. Les fabricants d’équipement de reprographie japonais étaient parmi les plus avancés au monde.

Il n’est pas tout à fait exact de dire que les Japonais ne tapaient rien à la machine, les contrats par exemple étaient dactylographiés ; cela avec une fantastique machine que l’on ne doit plus trouver que dans les musées de nos jours: cela s’appelait une wabuntaipu. Au lieu d’avoir comme chez nous une cinquantaine de touches qui généraient la frappe d’un signe sur un mince rouleau, il y avait une grande plaque avec environ 3000 caractères. Il fallait en désigner un avec un curseur et on appuyait sur l’unique touche qui allait chercher le caractère dans son logement, le frappait sur un large rouleau avant de le remettre à sa place. Inutile de dire que la vitesse de frappe n’avait rien de fantastique mais ce n’était pas grave car les contrats étaient très courts et ne dépassaient jamais une page et demie. Sur du papier légèrement gaufré, on écrivait à gauche que les deux parties avaient décidé de faire des affaires ensemble, qu’elles le feraient de bonne foi et règleraient leurs différends par la discussion. A droite on mettait les noms des signataires, ensuite couverts du rouge de leurs sceaux et de ceux de leur compagnie. En bref, il y a quarante ans, on écrivait presque tout à la main.

J’étais fasciné par les différentes écritures de mes collègues japonais. Venant d’un pays qui attache beaucoup d’importance à la graphologie, je me disais qu’étant donné la variété de styles que l’on rencontrait suivant les personnes, il devait être facile de les connaître et de les analyser simplement en regardant leur écriture. Mais pas du tout, la graphologie est à peu près inconnue dans ce pays.

Les styles étaient fascinants, certains écrivaient en pattes de mouche, de tous petits caractères bien carrés et facile à lire. D’autres prenaient beaucoup de place et n’hésitaient à détruire leurs idéogrammes comme on dirait en japonais, prenant des raccourcis difficilement reconnaissables. Un des jeunes employés de la société avait une très belle écriture. Lorsque nous sortions tous ensemble pour aller jouer au bowling, c’est toujours à lui que l’on demandait d’écrire le tableau des résultats. Je me demandais comment il fallait faire pour arriver écrire de beaux caractères et pour éviter l’apparence désespérément enfantine des idéogrammes tracés par des étrangers, les miens y compris. En fait, cela m’a pris longtemps pour comprendre, plusieurs années à faire de la calligraphie ; pour maîtriser les différentes formes de traits, l’équilibre du caractère, savoir ce que l’on peut déformer et ce qu’il ne faut pas faire, assimiler l’ordre des traits et la manière de les relier. Il m’a fallu du temps mais je suis très fier du résultat et on ne repère pas d’emblée la patte du gaijin dans mes écrits, en tous cas pas avant d’avoir atteint la première faute de grammaire.

L’idée que l’on pourrait un jour parler à distance en voyant sur un écran son interlocuteur était de la science-fiction, aussi peu vraisemblable que par exemple écrire un caractère sur une machine qui vous dirait automatiquement comment il se prononce et ce qu’il veut dire. Quant au fait que cette machine pourrait être suffisamment petite pour tenir dans une poche et qu’elle permettrait en plus de parler, de prendre des photos, d’envoyer des messages et même de traduire automatiquement des textes, était tout bonnement pas imaginable.

Par Pierre Sevaistre

和文タイプ

およそ40年も前になりますが、私が日本で暮らし始めた当初は、パソコンもワープロもまだ存在しませんでした。電話も高度な機能のない固定電話のみ。当時の最先端技術といえば、黒いベークライトのダイヤル式電話からカラーのプッシュホンに移行し、中には話し中を示す小さなランプが点灯するものがある、という程度でした。

もちろん電子メールもなかったので、フランスと通信するには穿孔テープの「テレックス」を使わなければなりませんでした。この機械を使って日本語で通信するには、ローマ字かカタカナで書く必要があり、どちらも読みにくいものでした。当の日本人でさえカタカナの文章を嫌い、ずっと簡単で近代的な、ファックスという通信方法を好んで多用しました。手書きの原稿を機械に通すのです。当時、あらゆる会社にファックスが備え付けられていました。フランスではそんな機械の存在は知られてもいなかったのですが。

フランスのオフィスで一般的に使われていたのはタイプライターで、中でも最も有名だったのがIBMのセレクトリックタイプライター(別名ゴルフボールタイプライター)です。コピー機はまだ高価で使いにくいものだったため、報告書を複数部必要とするときは、タイプライターに複数のカーボン紙を差し込む必要があり、不幸にもミスタイプをした場合にはすべての写しを修正液で直す羽目になりました。ですから、私は日本人がどのようにタイプされた原稿を生み出しているのか興味津々となり、基本的に日本人はタイプしない、ということを発見して仰天しました。日本人は手書きの原稿を必要に応じてコピーしていました。当時日本の複写機メーカーは、世界で最先端を走っていたのです。

ただし、日本人がまったく文章をタイプしていなかったというわけではなく、例えば契約書はタイプされていました。それも、今となっては博物館でしかお目にかかれない、素晴らしい機械で。その機械の名を、和文タイプといいます。欧文用のタイプライターのように、50ほどのキーを細いローラーに打つのではなく、大きなボードの上におよそ3000文字がならぶというものでした。カーソルでひとつの文字を選び、ひとつしかないキーを押すと活字がバケット部からピックアップされ、大きなローラーの上にタイプされてから元の位置に戻されるという仕組みです。これでは無論タイプのスピードに期待できるべくもありませんが、契約書というものは極めて短く、1ページ半を超えることは決してなかったので問題ありませんでした。薄く模様の入った紙の上、左側には当事者双方が誠意をもって共に事業を行い、紛争は話し合いで解決する旨を記載。右側には署名者の名前を記載し、署名者の印と社印が押されました。要するに、40年前にはほとんどすべての文書が手書きだったのです。

私は同僚の日本人たちの筆跡の違いに夢中になりました。筆相学を重視する国からやって来た者として、私は人によって書く文字のスタイルが多様であることから、筆跡を見るだけでその人のことをたやすく分析できるだろうと思っていたのです。しかし考え違いでした。日本では筆相学など、ほとんど知られていなかったのです。

さまざまなスタイルは魅力的でした。真四角で読みやすい文字をこまごまと書く人。表意性を損なうほどに元の文字を略して大きく書く人。会社にはひとり、とても字の綺麗な若い社員がおり、皆で一緒にボーリングをしに行くときにはいつもスコア表を書く係を頼んでいました。私はどうすれば自分を含む外国人の書く絶望的に子供っぽい漢字ではなく、美しい文字を書けるのかと自問しました。実際、何年も書道を習った末にようやく、さまざまな筆致や文字のバランスを習得し、文字を崩してもよいことや、文字を書くときにしてはいけないことを理解し、書き順や画のつなぎ方を身につけるに至りました。時間はかかりましたが、その成果には非常に満足しています。今やパッと見では“ガイジン”の書いた文字だとは思われないほどです。少なくとも、文法の間違いが発見されるまでは。

画面越しに相手の顔を見ながら話ができるなどという考えは、SFの世界の話でした。同じく、例えば文字を書くと同時に自動的に発音や意味までも教えてくれる機械など、ありえないことだったのです。実のところ、この機械はポケットに入るほど小さく、さらに電話をかけることも、写真を撮ることも、メッセージを送ることも、さらに文章の自動翻訳までできることになろうとは、まったく想像もつかないことでした。

ピエール スベストル